Calypso Poets Admin
Messages : 183 Réputation : 0 Date d'inscription : 25/08/2012 Age : 54
| Sujet: Le dangereux désir Sam 25 Aoû - 14:17 | |
| Le dangereux désir
I
Viens ce soir sur la berge où rampent les eaux riches De reflets isolés plus rouges que du sang; La Seine a des profils sinistres de péniches Et tout l'air des bas-fonds d'un Londres menaçant.
Je te tiens au poignet, mal vêtue et perverse, Blonde, blonde!... et britannique terriblement... N'imagines-tu pas, dans ce vent plein d'averse, Qu'il pourrait arriver un sombre événement ?
N'attends-tu pas de moi quelques mauvais absences Où le geste brutal qui tourmente mon poing Me jettera sur toi, pâle de jouissance, Pour t’assommer à coup de caillou dans un coin ?
Qui sait si tel sursaut d'origines douteuses Ne me fait pas un sang de garce ou d'assassin, Ce soir, devant ce fleuve et dans cet air malsain Où gronde la couleur des usines fumeuses ?
Pourquoi m'avoir parlé si longtemps de ton mal Poétique et pervers de riche détraquée, Sans voir quelle prunelle obscure d'animal, Brillait, dans la douceur de mes cils embusqués ?
- Ah laisse-moi! Va-t-en! Je me retournerai Contre toi tout à coup, les yeux noirs d'anarchie, Pour te frapper, pour t'écraser ce coeur doré En face du malheur éternel de la vie !..
II
A quoi bon tout cela, puisque la vie est autre ? Il vaudra toujours mieux n'avoir rien dit ni fait. Ma colère subite et profonde d'apôtre, Je l'oublierai, je la renierai, s'il te plaît.
Voici l'ombre odorante et la douceur des choses; Je retombe dans les coussins dont j'ai médit. Ah ! sombrer dans la joie et rouler dans les roses, Et ne plus rien savoir que le bonheur du lit !
Penche-toi sur mes yeux où le regard trépasse. Où te veut tout un long désir de velours noir. Je m'abandonne et m'affaiblis, je me sens lasse Contre tes seins vivants et tièdes dans le soir.
Que, lentes, la richesse et la douceur de vivre Nous balancent au fond d'un suprême hamac Et que notre âme en nous repose comme un lac Jusqu'à l'heure aux yeux durs de se prendre et d'être ivres.
- Comment me souviendrais-je encore du sanglot Rauque et du cauchemar plein d'averse des berges, Lorsque baignent tes bras, tes hanches, tes seins vierges, Dans cette étoffe bleue et douce comme une eau ?
A genoux devant toi, toute blancheur, j'abjure Les ténèbres qui nourrissaient mon rêve amer: Je ne veux plus porter en moi comme une blessure Que le génie ardent et profond de la chair ! | |
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